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La vie est un livre. Si on ne voyage pas, on n’en écrit qu’une page…

— Eugène Dabit

Un auvergnat à la maison, les aborigènes australiens

Mardi 24 Novembre 2009 :

On reprend notre route vers le Nord, le désert nous entoure toujours, c’est beau et en même temps c’est le désert…et ça change peu ou plutôt pas de paysage. Mais c’est beau.
On arrive à Cooper Pedy, une ville au milieu de ce désert. Elle a une particularité qui est d’avoir tout autour une grande quantité de mines d’opale. Le paysage est plat mais un peu partout il y des monticules de sable et à chaque monticule correspond un trou creusé par les mineurs à la recherche d’opale.
Nous visitons une mine, avec un auvergnat, Christophe, parti de France comme nous, pour faire un tour du monde.
Le guide (un irlandais) est un ancien mineur qui a travaillé durant 30 ans dans les mines d’opale. Il nous explique que n’importe qui peut ouvrir sa mine d’opale, il suffit d’aller en mairie, d’acheter 4 petits panneaux à 50$ les 4 et de les planter dans le sol aux 4 coins de la zone qu’on souhaite explorer, sur une superficie de 50m par 50m ou 100x50m. La propriété est délimitée, personne ne peut creuser dans ce carré.
La mine est alors creusée. Ils utilisent de la dynamite pour creuser dans les tunnels. Après avoir attendu une nuit que les gaz et les poussières se soient dissipés ou soient retombées, ils utilisent une sorte d’aspirateur pour remonter tous les gravas qu’ils trient ensuite.
Ils utilisent également la lumière ultraviolette pour repérer les veines d’opale, de ce fait elles apparaissent bleu fluo sur le mur.
Il nous explique également que l’on peut savoir où trouver de l’opale grâce à 2 tiges de cuivre, que l’on tient horizontalement dans chacune des mains. Lorsque l’on s’approche d’une veine, les tiges se croisent.
On essaie nous même, parce qu’on est comme Saint Thomas, on ne croit que ce que l’on voit…et ça marche….moi et Christophe, on pourrait faire de très bons découvreurs d’opale. Pour Adrien, c’est une autre affaire, les tiges ne se croisent pas, lui il ferait un très bon chômeur à Coober Pedy.

Une fois la visite terminée, on discute un peu avec Christophe l’auvergnat. Il a traversé les Etats-Unis d’Est en Ouest en voiture puis est allé au Japon, Vietnam, Nouvelle-Calédonie, Nouvelle-Zélande. Là il faisait l’Australie mais en sens inverse de ce que nous faisons. Il finira par la Tanzanie. Le tout en 6,5 mois.
Nous reprenons nos voitures respectives et nous allons ensemble visiter une église orthodoxe serbe troglodyte.
On se rend ensuite dans un café où nous prenons un verre, Adrien commande un jus d’ananas, le barman est surpris, « Que du jus ? ». Le barman ne doit pas avoir l’habitude de croiser du monde qui ne boit pas d’alcool. D’autant que Coober Pedy serait une ville où les habitants auraient de sérieux problèmes avec l’alcool.

Christophe nous propose de dîner ensemble. On se pose sur le parking d’une station service et il vient dans notre van avec de bonnes pâtes de chez Barilla, de la sauce tomate de marque, du vrai parmesan acheté chez le fromager (nous, on n’a que des pâtes 1er prix, de la sauce tomate 1er prix et du gruyère 1er prix).
Il commence à émincer un oignon et nous demande si nous avons de l’huile pour les faire frire, ça on a, je lui tends de l’huile de colza 1er prix…Heu…ben il retourne dans sa voiture chercher de l’huile d’olive de qualité….hmm….
Il nous demande où nous comptons passer la nuit, nous lui disons que nous allons nous poser là où on trouvera un voisin. Il nous déconseille fortement de dormir dehors, apparemment, il tiendrait d’une guide australienne qu’il a rencontré, que c’est assez dangereux car les aborigènes auraient une tendance à boire un peu trop d’alcool…et à avoir du coup, des réactions pas toujours très heureuses.
Si on n’en a croisé peu jusqu’à présent, il semblerait qu’on en croise beaucoup plus en remontant vers le Nord. Du coup, je suis un peu inquiète, moi qui commençais tout juste à dormir comme un bébé même à la belle étoile.

Tout à coup, quelqu’un toque au carreau. D’ordinaire c’est pour nous demander d’évacuer les lieux avant qu’on nous mette un PV, mais là c’est pas pour ça. Il y a une femme aborigène qui nous appelle du dehors « Brothers, sister ! »…je ne sais pas trop ce qu’elle nous demande, mais on n’a pas envie de lui ouvrir, la malheureuse n’a pas une tête qui inspire confiance, nous continuons à cuisiner, elle nous parle derrière le carreau. Moi, je ne suis vraiment pas à l’aise, en plus je suis une peureuse, ça y est c’est décidé, je ne veux plus dormir à la belle étoile.
Au bout d’un moment, elle s’en va. On la voit un peu plus loin autour d’une autre voiture avec un homme qui n’inspire pas non plus confiance.
Christophe termine les pâtes, c’est bon, mais je n’ai pas l’esprit tranquille. En plus la nuit tombe et il y a des aborigènes qui sortent de plus en plus en bande, ils sont à moitié bourrés.
Attention, je ne veux pas dire que les aborigènes sont des personnes mal famées, mais à Coober Pedy comme dans quelques autres villes qui offrent peu de travail ou de possibilités d’études, la population est assez pauvre et on pourrait se croire dans les pires cités de France…
On discute et à un moment on entend une sorte de cri/râle inquiétant tout près de nous. On remballe tout, chacun remonte dans son véhicule et on va tous les 3 directement dans un camping.
Bon, on termine la soirée plus tranquillement ici et on papote.

Les aborigènes :
après avoir recherché sur internet, j’ai trouvé quelques informations sur la population d’origine d’Australie.

1788 : Les Aborigènes à l’arrivée des colons britanniques :
« …les Aborigènes constituaient une population primitive, séparée des Européens par plusieurs millénaires de civilisation. Un peuple totalement primitif, de l’âge de pierre qui à l’exception de contacts isolés sur les côtes ouest et nord ont été coupés de contact avec le monde extérieur.
A l’arrivée des Britanniques en 1788, les Aborigènes ne connaissaient pas la roue, ne portaient pas de vêtements, ne domestiquaient pas de chevaux, ne construisaient pas de tentes, et ne pratiquaient aucune forme d’agriculture.
Ils étaient séparés des colons avec qui ils entraient maintenant en contact par des milliers d’années de développement et de civilisation.
La première phase de colonisation (1788-1930) n’avait pas été « très honorable », elle avait été très violente et les Aborigènes avaient totalement été dépossédés, il n’y avait guère eu de coexistence possible entre les deux civilisations et d’une certaine
manière, la plus faible n’avait pas pu résister.

On estime que les aborigènes d’Australie étaient 350 000 lorsque les européens sont arrivés en 1788. En 1996, 386 049 personnes en Australie se disent aborigènes. La majorité de la population australienne est descendante d’immigrants du XIXe siècle et XXe siècle, en grande partie du Royaume Uni et d’Irlande… »

Espérance de vie, condition de vie :
« …Une étude menée en avril 2004 par Canada’s University of Western Ontario montre que l’espérance de vie des aborigènes d’Australie est de 10 ans inférieure à celle des inuits du Canada, des indiens des États-Unis et des maoris de Nouvelle Zélande.
En effet, l’espérance de vie des aborigènes d’Australie est de 59.6 ans à la naissance, contre 70.6 aux USA, 72.1 en Nouvelle Zélande, et 72.9 au Canada.
Comparant 100 pays en terme de conditions de vie des habitants, cette étude montre que la qualité de vie des aborigènes d’Australie est parmi les pires de la planète. En effet, elle arrive à la deuxième place du classement après la Chine… »

Enseignement :
« …L’étude a également démontré que l’Australie est en tête en matière de fossé entre l’éducation des aborigènes et celle des non-aborigènes. Les aborigènes sont totalement absents de l’enseignement supérieur.
Cette étude a la capacité de démontrer que, même si l’Australie est un pays dont l’indice de développement humain est élevé, ce n’est malheureusement pas la population entière qui en profite… »

« …Depuis la restitution des terres de 1976, de nombreux aborigènes sont retournés vivre sur les lieux de vie de leurs ancêtres – homeland – dont ils avaient été chassés.
Ces homelands selon eux, sont leur identité intrinsèque, lieu des origines, lieu de vie de leurs ancêtres et de leur groupe familial. Ils sont donc pour la plupart concentrés dans les régions septentrionales du pays. Beaucoup vivent dans des réserves appelées « communautés ». D’autres sont assimilés dans la population issue de l’immigration.

De nos jours, beaucoup d’aborigènes vivent dans les villes et grandes métropoles d’Australie. On les trouve aussi dans les zones rurales les plus reculées, souvent regroupés en communautés autour d’une ancienne mission d’évangélisation.
Les Aborigènes ont obtenu le droit de vote en 1967… »

Cependant, l’alcoolisme dont souffre le peuple aborigène entraîne une perte de tous repaires.
Leurs propres valeurs et croyances ancestrales sont pour beaucoup d’entre eux, perdues ou non respectées…ils vivent à cheval sur deux formes de sociétés, celle de leurs ancêtres et celle occidentale…dans lesquelles ils ne trouvent pas vraiment leur place.

Ouvrage qui parlerait des aborigènes de manière très intéressante :
Auteur : Marlo Morgan (qui a passé plusieurs mois avec un groupe aborigène dans le désert australien)
Titre : Message des Hommes Vrais au monde mutant

Film qui aurait été sélectionné à Cannes et qui traiterait du sujet :
Samson et Delilah réalisé par un aborigène Warwick Thornton (2009)

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