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Tout ce que vous avez à faire, c’est décider de partir. Et le plus dur est fait.

— Tony Wheeler

Mines de Potosi et petits vols entre amigos

Samedi 22 Août 2009 :

Dans le bus pour Potosi, on passe par une région qui ressemble à s’y méprendre à Jendouba, pour ceux qui ne sont pas Tunisiens, c’est ma ville en Tunisie. Ce sont les mêmes paysages qu’en été, des champs de blés jaunis par le soleil, au loin des montagnes rondes et pas très hautes, des eucalyptus, des cactus à figues de barbarie, les maisons sont en terre battue (comme la vieille maison !), il y a des moutons et des fours à pain ronds. On s’y croirait !
D’ailleurs, à propos de Tunisie, nous avons les statistiques des connexions au blog et la Tunisie s’est connectée 2 fois ! Paris est en tête, Nancy est en 2ème position. Raphaël, on sait que tu es allé sur internet à Orléans, on t’a reconnu !

Arrivée à Potosi, vers 7h30 du matin, je vais aux toilettes. Elles sont pleines à craquer de femmes boliviennes, qui se brossent les dents, se lavent la figure, se coiffent leur loooooongue chevelure qu’elles tressent ensuite. Sur les portes des WC, il y a plein de vêtements suspendus, elles se changent aussi. Moi, j’ai un mal fou à atteindre un WC et s’est encore plus difficile d’y entrer malgré que je sois juste devant la porte, parce que je suis habituée à faire la queue et qu’ici, non, la plus dégourdie s’engouffre avant les autres, et je ne dois pas être dégourdie comme une bolivienne, il faut apprendre à pousser les autres sans trop les pousser pour ne pas les fâcher.
Mais ça me rassure, une autre touriste arrivée avant moi, n’avait pas encore réussi à entrer dans un WC alors que je repartais. Ça doit être le métro parisien aux heures de pointe qui m’a donné cette aptitude à me faufiler. Comme quoi, c’est bien utile le métro.

Visite d’une mine d’argent :
Notre guide a commencé par nous emmener dans un petit magasin de Potosi, où il nous a expliqué comment les mineurs fabriquent leurs bâtons de dynamite, comment ils s’hydratent à l’alcool à 96° et comment, à l’aide de feuilles de coca, ils s’y prennent pour ne pas être fatigué ou pour ne pas avoir de malaises. Ils mâchent des feuilles de coca toute la journée, ça a ne action un peu anesthésiante, on a essayé et effectivement, on croirait sortir de chez le dentiste, moi j’avais le palais anesthésié, les 3 autres (des français !) avaient les gencives et le fond de la gorge anesthésiés, ils ont recraché ensuite les feuilles de coca mâchées, moi je me suis trompée, je les aient toutes avalées.

Après les explications, le principe est de proposer aux touristes d’acheter quelques uns de ces éléments pour en faire cadeau aux mineurs que nous rencontreront. Nous avons acheté de la coca et du soda. Au final, ils auront eu de quoi s’hydrater à 96°, de la dynamite, du Fanta bolivien et de la coca.

En route pour la mine d’argent. Nous sommes dans un mini bus rouge avec un chauffeur et notre guide. Arrivés à la mine, on nous dit que nous n’avons pas l’autorisation d’entrer avec nos sac-à-dos dans la mine, du coup nous laissons tous nos sacs dans le mini bus. Notre guide nous explique quelques petites choses et soudainement le chauffeur nous rend nos sacs à dos et part avec son minibus. Incompréhension, même le guide est très surpris. L’un des français, Rodrigue, trouve son sac à dos étrangement fermé, pas comme il l’avait lui-même refermé…il regarde à l’intérieur et découvre qu’il lui manque 2000€ ! Il avait 3000€, il ne lui reste plus que 1000€. Tout de suite, il le signale à notre guide, qui téléphone au chauffeur pour lui demander de revenir. Quelques minutes après, le chauffeur revient, bien entendu, il nie le vol, mais après quelque temps, il rend 500€. C’est insensé, pourquoi ne rend-il que 500€ ? Encore quelque temps après, sous la menace d’une plainte à la police, il rend 500€ supplémentaires. Notre Rodrigue le menace puis lui dit que maintenant, il va aller dans la mine, mais qu’en sortant, il a intérêt à lui rendre le reste, qu’il le laisse réfléchir aux conséquences de son acte ou qu’il aille rechercher l’argent qu’il a peut-être caché lorsqu’il est parti précipitamment. Enfin, nous voici partis pour entrer dans la mine, notre guide a l’air vraiment bien embêté par cette histoire.

Nous nous enfonçons dans la mine, nous portons tous un casque muni d’une torche et des bottes. Il fait évidemment noir, humide, parfois le tunnel est étroit, parfois il est bas, nous suivons une voie ferrée. Je demande au guide si des mineurs se sont déjà perdus dans cet imbroglio de galeries, il me répond jamais, seuls les touristes s’y perdent. A un moment donné, nous devons grimper une échelle, super haute, en bois, et pas assez penchée à mon goût. Bon, le couple se lance, Adrien aussi, notre Rodrigue y va puis fait demi-tour une fois arrivé presque en haut, il a le vertige. C’est à mon tour, j’arrive en haut, j’ai le vertige mais je continue, le guide me tend la main pour m’aider. Une fois en haut, je regarde où nous devons passer ensuite, mais il n’y a rien devant moi, le guide me dit qu’il faut que je fasse un demi-tour sur moi-même pour passer sur un rondin de bois qui passe au-dessus du vide…Hein ? Quoi ? Bon, il y a des gens qui me regardent, je me lance, j’ai peur de tomber, il y a un paquet de mètres sous mes pieds. Une fois au bout, sur un sol bien dur, ça va mieux. Les mineurs font ça tous les jours, ils ne faut pas qu’ils s’hydratent trop à 96°….déjà sans ça c’est périlleux, mais avec, c’est n’importe quoi. D’ailleurs, la plus grande part des accidents dans les mines est causée par l’abus d’alcool (chutes et mauvaise manipulation de la dynamite).

Le guide nous emmène à un tunnel vertical, qui sert à remonter les pierres qui ont été récupérées des galeries des niveaux inférieurs vers l’extérieur. Nous passons sur une planche en bois afin d’être tous autour de ce tunnel vertical. Pendant qu’il nous donne quelques explications, soudainement une pierre de 40 cm tout de même, tombe tout bonnement du haut du tunnel, cogne violemment la planche sur laquelle se trouve Adrien, moi je me prends quelques cailloux sur la tête (heureusement que j’ai un casque, sinon….). Ok, on a compris, le travail dans les mines est dangereux.
Nous croisons des mineurs, ils remplissent un wagonnet, ils portent des sacs pesant sacrément lourd (20 kg !) qu’ils déposent dans le wagon. D’autres sont occupés à remplir une sorte de gros sac suspendu à un câble, puis le sac est descendu à l’aide d’une poulie électrisée.
(Certains des mineurs recevrons un bâton de dynamite que nous avons acheté dans le petit magasin, d’autres de la coca ou du Fanta bolivien).
Nous redescendons par là où nous sommes venu, donc par l’espèce de tronc d’arbre suspendu au-dessus du vide puis par l’échelle hyper haute. Nous poursuivons notre visite, on emprunte une galerie, puis une autre, je ne sais plus où est le nord, le sud, la sortie ni à quel sous-sol nous nous trouvons.
Le guide nous explique qu’à 17h, les mineurs quittent les mines et que c’est l’heure ensuite de poser la dynamite. Le poseur sort, au bout de 7 minutes la dynamite explose. S’il y a des gaz nocifs, ils auront le temps de se disperser durant toute la nuit, et la poussière générée par l’explosion aura eu le temps de se déposer sur le sol avant le retour des mineurs. Le lendemain matin, les mineurs peuvent donc entrer dans la mine, le gaz carbonique s’est évacué par une galerie qui a été faite exprès pour aérer la mine, et ils ne sont (en théorie) pas incommodés par la poussière. Ils peuvent du coup, ramasser les minerais, les mettre dans des sacs pour les faire remonter en surface où ils séparerons la pierre de l’argent en utilisant de l’arsenic (autrefois, ils utilisaient du mercure).
On arrive à un endroit où il y a un trou dans le sol, le guide s’y engouffre et tous sauf moi et notre Rodrigue le suivent.
Ce sont plusieurs échelles les unes à la suite des autres qu’ils descendent, ils y a 6 échelles de 3m chacune.
Restée en haut avec notre Rodrigue, nous discutons, après 10 minutes, nous entendons un bruit sourd qui vient de la mine, puis un second, c’est une explosion !!! Je suis inquiète, il est 17h30. Le guide nous a dit que chaque jour, à 17h, les mines étaient évacuées pour faire exploser la dynamite. Avec l’histoire du vol de 2000€, nous avons pris environ 45 minutes de retard sur la visite, donc nous sommes encore dans la mine alors que la visite aurait due terminer bien plus tôt, vers 16h45. Le guide aurait-il oublié ce tout petit détail ? Les autres sont tout en bas. Nous, en haut, nous sommes vraiment inquiets, on ne sait même pas comment sortir de là.
Tout à coup, je vois une lumière s’agiter au fond dans le noir, elle se rapproche, c’est un mineur. Je lui demande si l’explosion vient de notre mine, il me répond que non, elle vient d’une mine voisine sur la même montagne. Ouf !
Les autres remontent enfin, eux aussi ont entendu le bruit sourd, sauf qu’ils avaient le guide pour leur dire que tout allait bien…
Après ça, nous passons par diverses galeries pour arriver à la sortie.
Une visite bien intéressante, le manque de sécurité a bien été ressenti, le métier de mineur est non seulement difficile mais risqué également. Ils ont une espérance de vie de 45 ans … ceci étant dû aux accidents, mais surtout causé par l•inhalation de poussières et de gaz qui les rendent malades.

Le chauffeur rendra encore 100€, puis plus rien. Notre Rodrigue, le chauffeur et le guide sont allés au commissariat de Potosi, le commissaire a fait tout ce qu’il a pu pour qu’il n’y ait pas de plainte déposée (ils ont peut-être des quotas à ne pas dépasser pour que la ville ne passe pas au rang de ville mal famée ?). Mais une plainte sera quand même déposée, puis retirée le lendemain, l’agence ayant négocié avec Rodrigue et lui ayant proposé de lui rendre la moitié de ce qui lui manque (425€) et de renvoyer le chauffeur mal intentionné.

11 comments to Mines de Potosi et petits vols entre amigos

  • le padre

    QUOI??? on n’est que 2°? On devrait avoir un coef. multiplicateur et ramener le calcul des quotas au nombre de personnes potentiellement concernées. Non mais! bon on va faire notre passible pour passer en 1° position, n’est ce pas Maryjo?
    Pour en revenir à la mésaventure de Rodrigue, comme quoi il ne faut faire confiance à personne, même pas aux personnes touristiquement “habilitées”

  • Quelqu’un serait plus assidu que nous au blog ??? et pourtant ici on y est très très très souvent (sauf le dimanche 🙂 c’est grasse matinée )
    la première chose faite ici en se levant c’est voir s’il y a du nouveau sur le blog …. et il y a déjà eut pas mal de fois ou je me suis inquiétée de ne rien y lire) et puis Gaetan demande tous les jours en se levant “il est ou parrain aujourd’hui”

    Mais vous avez raison …. on va tout faire pour que le 54 passe en prémière position 😀

  • sacré malchance pour cet homme ! une visite qui lui coute bien cher !!

    je viens de regarder une vidéo sur les mines de POTOSI c’est impressionnant.

  • Jou et Nico

    Ah ah !!!!! Les parisiens sont au rendez vous !! On vous a tous eu !!! 🙂

  • d.bouslimi

    Dommage pour Rodrigue ! il aura au moins appris à ses dépends qu’il faut toujours garder sur soi argent et papiers !

  • Adrien

    Réponse collégiale, ce n’est pas une compétition Paris/Province hein 🙂
    Je ne doute pas que les plus assidus soient dans l’Est de la France (je vais m’attirer les foudres des Parisiens) mais il est vrai que face aux nombreux parisiens, les 2/3 foyers lorrains ne peuvent pas lutter… 😉