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Un voyage de mille lieues commence toujours par un premier pas.

— Lao-Tseu

El Calafate : Estancia El Galpon del Glaciar

Mercredi 23 Septembre 2009 :

Ce soir, vers 17h, une camionnette vient nous chercher à l’hôtel pour nous conduire dans une « estancia », c’est une ferme géante (par rapport aux nôtres), où on élève des moutons pour leur laine. Il fait froid et le vent est particulièrement glacial.
A notre arrivée, nous sommes chaleureusement accueillis par un bon feu dans la cheminée et une table garnie de délicieux gâteaux, soufflés au fromage, petits pains, croissants (pour une fois très bons) et boissons chaudes.

L’estancia El Galpon :
Cette estancia est bordée de hauts peupliers qui la protège du vent. Par ici, les vents étant très forts, les habitants avaient autrefois essayé d’autres arbres, mais ils cassaient, n’étaient pas efficaces ou ne résistaient pas aux grands froids; le peuplier est le seul arbre qui répond correctement à leur besoin.

Les propriétaires élèvent environ 8000 moutons sur 75 000 hectares, ce qui est une petite ferme…et oui, les grandes estancias élèvent quelques 80 000 bêtes.
En été (vers Décembre, ici), c’est la période de tonte, la ferme emploie alors environ 40 personnes. En hiver (nous sommes vers la fin de l’hiver en ce moment), seules 2 personnes sont nécessaires pour surveiller un peu les bêtes.

Les moutons :
Dans cette région, les vents sont forts et très froids et il pleut peu. Du coup, la végétation est assez pauvre et particulièrement sèche et dure. Les moutons broutent des touffes d’herbes si drues que cela use leurs dents. Au bout de 4 ans environ, leurs dents sont usées jusqu’à la gencive ce qui les empêche de pouvoir continuer à se nourrir, les fermiers les vendent alors en boucherie, autrement ils mourraient de faim. Un mouton vivant dans une région ayant une végétation plus tendre, peut alors vivre, sans être mangé, environ 10 ans.
En revanche, la végétation très sèche et dure de la région permet d’obtenir une viande de très bonne qualité et peu grasse.

Par ici, il y a 10 moutons pour 1 habitant…

La laine :
Chaque mouton donne en moyenne 4 à 5 kg de laine brute par tonte. Ici les moutons sont énormes mais une fois tondus…ils impressionnent déjà moins. La ferme que nous avons visité produit de la laine mérinos, de haute qualité donc. La laine « de base » ne rapportant quasiment rien, ils n’en font donc pas du tout en Argentine.
La laine obtenue est vendue pour 80% à la Chine (rien d’étonnant vu que la plus part de nos vêtements sont « Made in China »), 10% pour l’Italie et l’Angleterre, 10% pour des pays d’Amérique du Sud.
L’Italie, l’Angleterre et les pays d’Amérique du Sud achètent la laine une fois lavée. Contrairement aux autres, les chinois l’achètent brute, avec la terre, les feuilles, toutes sortes de saletés et une sorte de graisse que l’on trouve sur les poils du mouton. En fait, ils utilisent tout ce qu’il y a dans les poils : la terre et les feuilles pour je ne sais plus trop quoi, la graisse est utilisée pour la fabrication de cosmétiques.

Les tondeurs :
Ils travaillent dans le nord de l’Argentine, puis une fois la saison terminée, ils descendent dans le sud (là où nous sommes) où la saison démarre plus tard. Les estancias ont de plus en plus de mal à trouver des travailleurs, car c’est assez traumatisant pour le dos de rester courbé sur les moutons toute la journée. En général, les tondeurs commencent à travailler vers l’âge de 16/17 ans et cessent vers 35 ans, le dos ne suivant plus. Ensuite ils changent de métier.
Certaines estancias perdues au fin fond de la Patagonie sont encore plus touchées par le manque de personnel car le téléphone ne passe pas et pas de télé non plus…internet n’en parlons pas. Qui veut rester 4 mois au milieu de rien dans ces conditions ? (en ne gagnant pas un salaire de ministre bien évidemment)

La tonte :
Pour commencer, le tondeur attrape le mouton à tondre et l’assoie sur les fesses. De cette manière, le mouton reste pour ainsi dire « paralysé » tant que ses pattes avant ne touchent pas le sol, il ne peut pas faire un seul mouvement. Ils ne savent pas pourquoi il ne peut pas bouger, mais c’est bien pratique ça leur permet de le raser tranquillement. La tonte se fait en 2 ou 3 minutes et ils font en sorte qu’au final, les poils ainsi tondus ne fassent qu’un rectangulaire d’environ 2m sur 3m (chapeau ! On l’a vu faire et ça ne doit pas être si simple, le mouton n’étant pas carré…).
Bon, pour nous, touristes, notre tondeur nous a pelé un pauvre mouton en hiver afin de nous montrer comment on fait ça. A ce qu’il paraît, ils ne s’enrhument pas quand on vient de les éplucher et qu’on les remet dans la pampa en plein dans le froid.
Donc, grâce à nous, un gros mouton c’est retrouvé tout nu du jour au lendemain par ce temps froid et venteux. Mais il ne sera pas tout seul, on en a vu un autre à poil se balader parmi ses congénères chaudement poilus.

Il faut savoir qu’un mouton meurt au bout de 3 ans environ si on ne le tond pas car ses poils obstruent sa gueule et l’empêchent de manger. Décidément, le mouton ne peut pas se passer de l’homme…

Le dîner :
Miam ! Pour terminer cette soirée en beauté, on nous a servi 6 viandes différentes cuites au barbecue, un délice, accompagnées d’une variété de potiron, que je ne connaissais pas, cuits sur le barbecue, extrêmement bon, et des pomme de terre. En désert, un flan au caramel et dulce de leche…il fallait bien qu’on ait du dulce de leche (sorte de confiture de lait) quelque part dans le repas.. tout ce qui est sucré est fait avec du dulce de leche en Argentine !
Puis, dans une lumière tamisée, deux jeunes danseurs font leur entrée et les voilà qui démarrent un tango sur une musique typique.

Petite soirée bien sympa avec un guide bien sympa aussi et comme il parlait français, il a reçu un petit pourboire sympa.

7 comments to El Calafate : Estancia El Galpon del Glaciar

  • madre

    Merci pour cet exposé sur la vie dans une estancia, c’est trés instructif. Si j’ai bien compris ils n’utilisent pas du tout la laine sur place et vendent l’intégralité. Ils en prennent peut être une de moindre qualité?
    J’espère que vous avez également appris à danser…

    • Adrien

      Non il n’y a a priori plus d’exploitation de la laine ici meme en Argentine… la quasi totalite part en Chine… et oui ma ptite dame 🙂
      Pour ce qui est de la danse, si je voulais apprendre a danser, je doute que je commencerai par le tango… 😉

  • qu’elle est l’endroit qui vous parait le plus inoubliable depuis le début de votre aventure ?

    vous avez vraiment bonne mine sur la photo, ça fait plaisirs à voir.

    • Adrien

      Houla, très difficile à dire…
      Pour ma part je dirais quand même le Machu Picchu car c’était un rêve de gosse. Dounia aura certainement une toute autre réponse 😉

  • madre

    Tondeurs de mouton pour ta reconversion, non ça ne te plairait pas?? Il ne t’a pas proposé un essai??
    A y réflechir au plus près non, je ne pense pas que tu songerais à t’installer en Argentine surtout dans cette région!!!

    • Adrien

      Mmm… alors l’Argentine pourquoi pas et la Patagonie carrement oui ! Reste a trouver le bon endroit et le boulot qui irait avec bien que maintenant, avec une bonne connexion internet on peut travailler de partout 😉

  • Régis

    mais si les facturas sont excellentes en Argentine Dounia….(croissants), il faut juste avoir de la chance… et se lancer 😉