Lundi 30 Novembre 2009 :
On se réveille, je raconte à Adrien ma terrifiante nuit, je cherche dans le van ce qui a pu tomber et faire du bruit cette nuit mais il n’y a rien. Je sors et j’observe les traces de pas dans le sable autour du van, il y en a tout autour du van avec écrit « O asics », ce sont les tennis d’Adrien, il y en a avec écrit « Kalenji » en forme d’écailles de poisson, ce sont les miennes…et d’autres traces de pas qui font le tour d’une partie du van…mais ce ne sont pas des tennis, ni des mocassin, ni des bottes…ce sont les traces d’un animal, petit. Bon, probablement que c’est ce stupide animal qui s’est cogné dans le van cette nuit.
On petit déjeune et on grimpe dans le camper-van pour prendre la route. Et là, Adrien cherche le GPS qui est sensé être ventousé au pare-brise et qui n’y est plus…non, il est par terre ! Le voilà le truc qui s’est cassé la figure cette nuit et qui m’a tétanisé ! Tout ça à cause de ce GPS ! En plus, depuis quand on laisse un GPS sur le pare-brise ?? Même dans le désert ça ne se fait pas.
Bon allez, on prend la route.
Peu de temps après notre départ, on arrive à une intersection pour aller à Rainbow Valley. Adrien me demande si ça m’intéresse d’y aller sachant que la route est « 4×4 recommandé ». Moi, je dis « allons-y ! ». On s’engage sur la piste, on a 22km à parcourir avant d’arriver sur le site. On y va lentement, la piste n’est pas très bonne, ça gigote un peu mais on peut le faire.
La route commence à être un peu trop sablonneuse, on continue ou pas ? Allez, si vraiment on sent que c’est risqué on fera demi tour, en plus on est à 3 km du site, ce serait dommage de faire demi tour si près.
On continue et on arrive enfin devant le grand caillou. On descend de la voiture, on a un énorme rocher planté là au milieu du désert, pas âme qui vive…Ah si ! Un kangourou s’est sauvé à notre approche, mais pas d’humains par ici. On s’approche du caillou géant, dans le sable j’observe les pas et j’en conclue que la dernière personne à être venue par ici était là probablement avant-hier. Pas de traces fraiches, personne n’est encore venu aujourd’hui.
On fait le tour du rocher, il est orangé en haut et vire au blanc vers le bas, c’est curieux la nature.
On rejoint ensuite la voiture et Adrien met le contact…en fait il ne se passe rien…c’est une blague ?!!!? On est en panne ? C’est pas possible, pas ici, pas au milieu de rien ! C’est la batterie. D’ailleurs, je ne comprends pas bien pourquoi elle est HS, on roule beaucoup et on ne laisse pas les phares ou la radio allumés.
L’unique route où de temps en temps quelqu’un passe en voiture est à 22km.
Bon, on est sportif maintenant, on décide de rejoindre la grand route en espérant trouver une âme charitable qui voudra bien soit faire un détour de 44 km pour nous dépanner, soit aller jusqu’à Alice Springs (qui est à 70 km environ) pour prévenir un dépanneur ou nous déposer quelque part où vit un dépanneur ou là où on peut téléphoner à un dépanneur (bien sûr, nos téléphones portables ne captent strictement rien). Mais avant toute chose, on doit manger, il est 11h45 et on a 5 ou 6h de marche à faire, sous 35° à l’ombre…dans le désert. Donc, on mange le reste de ratatouille, on prend un bidon d’eau + 4 petites bouteilles d’eau + la moitié de la tablette de chocolat qu’il reste + nos 4 derniers triangles de vache-qui-rit et je vais rechercher des bonbons pas bons du tout, jetés la veille dans la poubelle … vu ce qui nous attend on ne jette rien, on ne sait jamais. J’ajoute à mon baluchon un mascara et ma brosse à dent…ça ne prend pas de place.
Allez, on est parti, on marche, il fait chaud et bien sûr pas un touriste ne veut visiter la Rainbow Valley, on est seuls au monde, seuls dans ce désert et on est en train de griller au soleil. On se raconte des histoires de pannes, de qu’est-ce qu’il faut faire dans ce cas là, etc. De toutes façons on est nul en mécanique et c’est dans ces moments là qu’on aimerait en connaître un peu plus sur le sujet. En même temps, ça nous ferait de belles jambes, la batterie étant HS…
Au bout de 30 minutes, Adrien s’arrête et semble hésiter. En fait, il me dit qu’on va retourner à la voiture et attendre ce soir, avec un peu de chance un touriste bien inspiré voudra voir le coucher du soleil sur le caillou (dans le guide ils disent que c’est beau) et nous secourra par la même occasion. Si personne ne vient, on dormira sur place puis le lendemain matin on fera nos 22 km s’il n’y a toujours personne. Donc on revient sur nos pas, moi je ne suis pas très enthousiaste, je n’aime pas l’idée de passer la nuit loin de toute civilisation. Il y a peut-être des brigands…Mais bon…
On marche puis tout à coup, on aperçoit au loin un véhicule blanc qui vient de là où est le van….
Oulala ! Une idée pas rassurante du tout me vient à l’esprit, ce véhicule blanc, ça ne serait pas NOTRE van ? Est-ce qu’on n’est pas en train de nous le voler ??? Mon Dieu !
Le véhicule se rapproche..C »est un pick-up blanc. Ouf ! On fait de grand signes pour qu’il nous voit, on se dirige vers le pick-up, il y a 2 hommes à l’intérieur, l’un est « blanc », l’autre aborigène, on leur explique ce qui nous arrive, ils nous disent qu’ils font le tour de la clôture et nous rejoignent sur notre route. Ouf ! Ouf ! Ouf ! Ils sont sur notre route, ils s’arrêtent, on grimpe à l’arrière du pick-up et ils nous ramènent là où est garé le van. Ils nous disent qu’il fait beaucoup trop chaud pour faire 22km à pieds (ça on le savait, mais quand on n’a pas le choix…). Ils mettent les cosses et hopla ! Le van démarre, youpi ! On les remercie chaleureusement, je leur demande s’ils passent tous les jours par ici, ils répondent Ah non ! Il font le tour de la propriété…enfin de leur énorme bout de désert pour voir si tout est OK. On a vraiment de la chance d’être tombés pile poil le jour de leur tournée et à la bonne heure. On leur donne à chacun quelques billets pour leur montrer notre reconnaissance, l’un d’eux me dit « %§#&@$!…drink…%§#&@$! », je réponds ah oui, on a beaucoup d’eau. Il me regarde bizarrement, je n’ai pas dû comprendre. Adrien me dit qu’ils disent qu’il vont boire un coup avec cet argent…et probablement pas de l’eau.
On les quitte et on reprend la piste, il ne faut pas qu’on cale. On arrive enfin à la grand route et on poursuit vers Alice Springs…
En y arrivant, on passe devant un musée sur les trains et sur la Old Ghan, une voie de chemin de fer qui traverse toute l’Australie du Sud au Nord.
Fin 18ème, on découvre de l’or dans le désert Australien, des hommes décident de s’y rendre pour y faire fortune. Ils utilisent des chameaux importés d’Inde pour traverser le désert.
Vers 1830, il est nécessaire de créer une infrastructure permettant de relier le sud au nord plus rapidement. La Old Ghan est créée et un train à vapeur va permettre d’effectuer ce trajet plus rapidement. Ghan, le nom de cet axe ferroviaire, vient du mot « Afghan », car les afghans avaient d’excellents « Camels trains » (des chameaux qui se suivent les uns derrière les autres comme un train).
Après ce musée, je laisse Adrien en visiter un second, sur les camions. Moi, je l’attends dans le van.
Nous allons au supermarché pour remplir notre frigo qui ne contient plus que des vache-qui-rit, du vinaigre et du chocolat aussi (les bonbons sont retournés dans la poubelle). Donc, nous nous ravitaillons, nous passons en caisse, nous faisons la queue derrière une femme aborigène. Elle paye ses courses. Elle les paye avec des tickets…il semblerait que ce soient des tickets qui permettent d’acheter uniquement des courses alimentaires, probablement que l’état donne une certaine somme d’argent tous les mois sous forme de bons d’achats…peut-être pour éviter que les aborigènes achètent des produits pas terribles pour la santé (alcool, drogue…).
Je dis ça, parce que renseignements pris, les aborigènes ont, pour leur grand malheur, quelques difficultés à vivre dans la société imposée par les « blancs ». De ce fait, il y a de gros problèmes d’alcoolisme parmi les aborigènes.
Je suis à nouveau surprise par l’aspect des aborigènes, beaucoup d’entre eux « èrent »sur le parking du supermarché, en règle générale, ils sont vêtus assez pauvrement et pas très proprement, ils ont les cheveux hirsutes et ont un visage absolument pas avenant. Ça me fait mal de voir ces gens si pauvres, si loin semble t-il de la vie que mènent les autres habitants (« blancs » en règle générale), il y a un décalage entre les « blancs » et les aborigènes qui est immense. On a traversé l’Amérique du Sud et je n’ai pas trouvé un tel gouffre entre les indiens et les « autres ». Idem en Nouvelle-Zélande, les Maoris et les « blancs » vivent globalement de la même manière et ils ne paraissent ni pauvres ni marginalisés.
Là, en Australie, je découvre qu’on a à faire à une population qui est marginalisée, qui vit socialement à part, dans un autre monde. Je généralise, il y a quelques aborigènes qui paraissent être « intégrés » (le mot n’est pas juste, ils sont tout de même dans LEUR pays, ce sont eux les premiers habitants de ce pays). C’est assez surprenant, voire choquant.
Après avoir fait nos courses, nous allons au camping où nous retrouvons nos 2 français des dauphins. Encore vous ! Décidément ! On discute un peu, on se raconte nos déboires et nos aventures, ils ont dépanné des allemands qui s’étaient ensablés en 4×4 et qui ne savaient pas comment s’en sortir. Comme le français des dauphins avait déjà fait un rallye au Maroc en 2 chevaux, il s’y connaissait et les a sorti de leur dune.
En courses, nous avons acheté de la viande rouge. Miam ! Je la prépare avec des choux de Bruxelles, des gouttelettes de gras giclent partout dans le van, tout est maculé d’huile, bon ben je passe un bon bout de temps à nettoyer tout ça après manger….Cool…en plus il me reste encore un bout de viande, je vais devoir tout re-nettoyer la prochaine fois.
mdrrrrrrrrrr c’est vrai que perdu dans le desert sans mascara et brosse à dent … c’est comment dire …. ennuyant pdrrrrrrrrrrr
c’est vrai que la misère fait toujours mal. j’ai lu sur le net que l’état leur donnait des aides pour se former et trouver un travail mais ça ne doit pas être évident.
Comment ça? Adrien n’aurait-il pas osé te dévoiler la triste vérité de la panne. Bien qu’involontaire, elle en est que plus cocasse puisqu’il m’a raconté l’histoire au téléphone. Mais comme je ne suis pas un délateur …….. je ne dis rien 😉
Il y a une histoire semblable qui me revient tout à coup : Ce n’est pas Dounia qui avait oublié d’éteindre ses phares un jour sur le parking de Toyota et que le pauvre Adrien a dû aller toute affaire cessante la dépanner le soir (j’étais là 😉 )
Heu…oui mais je n’étais pas au milieu du désert…moi….